L'errant du soir des morts



Dans la brume d’un soir en cape de frissons
Où les ombres planaient comme flammes éteintes,
Traînaient sur le pavé quelques pâles chansons
Où se mourait la soie défraîchie des étreintes.

Un silence laiteux collait au front des murs,
Y plaquant sans répit l’œil nu des réverbères
Dont l’éclat court et mat aux reflets froids et durs
Hachait menu le temps descendu de ses sphères.

Or, quelqu’un s’en allait, vêtu d’un paletot
Sans âge et sans couleur mais de noble facture.
L’homme tenait en main un pamphlet en argot
Écrit d’un seul élan, sans la moindre rature.

Lui qui avait été vilipendé, honni,
Lui qui jadis avait souvent connu l’opprobre,
Lui qui d’entre les morts avait été banni,
Serait-il délivré, ce Trente-et-Un Octobre ?

Du cimetière enfin la grille se dressait,
Prête à s’ouvrir devant sa marche solitaire.
Mais là, un écriteau pendu se balançait,
Qui disait, ricanant : « Fermé pour inventaire ».








Ecrit par Ombrefeuille
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