Ballade (1) (pour une défunte)

Mon reflet en mille éclats, du miroir
Cherra au sol avec mes souvenirs
D’enfance, d’amour et d’espoir
Qui auront su bien me faire défaillir.
Quand la mort viendra à moi m’avertir
De quitter la vie et tous ses soucis,
Que restera-t-il de moi pour finir ?
Quand je ne serai plus qu’os blanchis

Des lettres gerront* au fond d’un tiroir
Liées par des rubans froissés de soupirs
Et de désirs enfouis en ma mémoire
Qui auront su me faire dépérir.
Quand la mort viendra à moi s’offrir,
J’attraperai son bras toute transie,
Vous laissant, las un visage de cire
Quand je ne serai plus qu’os blanchis

Mon âme s’envolera de l’armoire !
Ouïrez-vous mes larmes et mes rires
Qui s’égailleront au loin dans le soir ?
Tantôt il me faudra hélas mourir ;
De la vieillesse, je ne saurais guérir.
Et s’effilochera en agonie
Mon passé que vous n’aurez qu’à occire
Quand je ne serai plus qu’os blanchis

Mes enfants, quand j’irai enfin pourrir
En terre où vous m’aurez ensevelie,
Vous flatterez la vie et ses plaisirs
Quand je ne serai plus qu’os blanchis.




* Forme archaïque (14/15ème siècle) du futur simple du verbe gésir. Qui me lapidera pour cette résurrection car ce verbe amputé n’a jamais rien fait de mal pour mériter un tel sort.

Ecrit par Ann
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