Sotto voce

Il est doux de mourir un peu
Aux berges des forêts mouillées,
Et parmi les feuilles rouillées
Qui s'égouttent du brouillard bleu;
Il est doux de mourir un peu.

Il est doux de n'être plus rien
Que la brume qui s'échevèle,
Moins que le frôlis sourd d'une aile,
Aux velours pourpré des fusains;
Il est doux de n'être plus rien.

Il est doux de mourir un peu
Avec les eaux qui se corrompent,
Avec les lointains qui s'estompent,
Avec les buis, les houx fangeux;
Il est doux de mourir un peu.

Il est doux de n'être pus rien,
Moins que le frisson d'une rose,
Dont le vent d'hiver décompose
La chair de nacre et de carmin.
Il est doux de n'être plus rien.


À travers le voile

Ecrit par Marie DAUGUET
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