Roms !

« Rome, unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant !
Rome qui t'a vu naître et que ton coeur adore !
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! »
(Horace – acte IV – scène 6
Imprécations de Camille
Pierre Corneille)

ROMS !

Roms ! Pèlerins parias sans foyer ni maison,
Roms ! Ô vous qui errez sous de vains horizons,
Roms, qui tendez les mains, mais que la rue ignore,
Roms, enfin, qu’on maudit, ingrat est votre sort !

On vous dit chapardeurs et menteurs, et j’en passe,
On vous sait belliqueux, aguerris au couteau,
Si vous ne faites rien pour sortir de l’impasse,
L’amertume en vos coeurs s’enflera sans repos.

Mais, il suffit d’un feu et la fête commence
Et s’envole gaiement dans un vol de guitares,
Au son des tambourins, on chante, on rit, on danse
Et tournoient les jupons tout comme les foulards !

Pourtant pareils à nous faits de sang et de chair
-Nos rêves sont-ils pleins des mêmes espérances ?-
Si vous n’avez goûté qu’au levain de misère,
Dans les yeux des enfants brille aussi l’innocence !

Faut-il lever les poings, fomenter la révolte
En clamant, haut et fort, sans jamais renoncer,
Que les temps sont venus d’abolir le passé ?
Oui ! Ce qu’on a planté un jour on le récolte !

Ceux qui sèment le vent moissonnent la tempête !
En jetant de l’ivraie sur le front des vivants,
Ceux qui prônent la guerre engendrent les défaites ;
Seuls, ceux qui font l’amour en seront survivants !

Ô France as-tu scellé ton vécu délétère
Les chassant aujourd’hui comme au temps de Vichy ?
Il n’est plus comme avant le pays de Voltaire
Et Hugo doit bouillir, là-haut, au paradis !

Comme je les comprends, tous ces gens qu’on écrase !
Les miens, hélas aussi, ont payé le prix fort
Dans ce monde damné, pétri de belles phrases,
Où même le taureau meurtri est mis à mort !




Ecrit par Antigone
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