Farai chansoneta nueva...

Farai chansoneta nueva,
Ans que vent ni gel ni plueva:
Ma dona m'assaya e-m prueva,
Quossi de qual guiza l'am;
E ja per plag que m'en mueva
No-m solvera de son liam.

Qu'ans mi rent a lieys e-m liure,
Qu'en sa carta-m pot escriure.
E no m'en tenguatz per yure,
S'ieu ma bona dompna am!
Quar senes lieys non puesc viure,
Tant ai pres de s'amor gran fam.

...
...
Per aquesta fri e tremble,
Quar de tam bon'amor l'am,
Qu'anc no cug qu'en nasques semble
En semblan del gran linh n'Adam.

Que plus es blanca qu'evori,
Per qu'ieu autra non azori:
Si-m breu non ai aiutori,
Cum ma bona dompna m'am,
Morrai, pel cap sanh Gregori,
Si no-m bayza en cambr'o sotz ram.

Qual pro-y auretz, dompna conja,
Si vostr'amors mi deslonja
Par que-us vulhatz metre monja!
E sapchatz, quar tan vos am,
Tem que la dolors me ponja,
Si no-m faitz dreg dels tortz q'ie-us clam.

Qual pro i auretz s'ieu m'enclostre
E no-m retenetz per vostre
Totz lo joys del mon es nostre,
Dompna, s'amduy nos amam.
Lay al mieu amic Daurostre,
Dic e man que chan e bram.




Traduction proposée :

J'écrirai une nouvelle petite chanson
avant qu'il ne devienne venteux, froid et pluvieux:
laisse ma maîtresse tester et me tester
afin qu'elle apprenne de quelle façon je l'aime;
et certainement, venez l'enfer et les hautes eaux,
elle ne me libérera pas de ses pièges.

Au lieu de cela, je m'abandonne et me livre à elle,
afin qu'elle puisse écrire mon nom dans sa charte.
Et ne pense pas que je suis ivre,
si j'aime ma bonne maîtresse,
parce que je ne peux pas vivre sans elle,
tellement je meurs de faim pour son amour.

...
...
Je frissonne et tremble pour cette femme
parce que je l'aime d'un si bon amour:
Je ne pense pas qu'une personne semblable à elle soit née
dans la grande lignée du noble Adam.

Parce qu'elle est plus blanche que l'ivoire,
et pour cela je ne peux adorer personne d'autre:
si je ne suis pas rassuré sous peu,
que ma bonne maîtresse m'aime,
Je mourrai, par la tête de saint Grégoire,
à moins qu'elle ne m'embrasse dans sa chambre ou sous un arbre.

A quoi cela te servira-t-il, belle dame,
si ton amour me sépare de toi?
Vous semblez avoir l'intention de devenir religieuse!
Et sache, puisque je t'aime tellement,
que j'ai peur que la douleur me fasse du mal,
si vous ne réparez pas les torts, je vous blâme.

A quoi vous servirai-je si je deviens moine
et tu ne me gardes pas comme tienne?
Toute la joie du monde est à nous,
Madame, si nous nous aimons.
Là-bas, je dis et commande à mon ami Daurostre
chanter et pleurer.




Ecrit par GUILLAUME IX
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