Ben vuelh que sapchon li pluzor...

Ben vuelh que sapchon li pluzor
D'un vers, si-s de bona color
Qu'ieu ai trag de mon obrador,
Qu'ieu port d'ayselh mestier la flor,
Et es vertatz,
E puesc en trair lo vers auctor,
Quant er lassatz.

Eu conosc ben sen e folor,
E conosc anta et henor,
Et ai ardiment e paor;
E si-m partetz un juec d'amor,
No suy tan fatz
No sapcha triar lo melhor
Entre-ls malvatz.

Eu conosc ben selh qui be-m di
E selh qui-m vol mal atressi
E conosc be selluy qui-m ri;
E si-ll pro s'azauton de mi,
Conosc assatz:
Qu'atressi dei voler lor fi
E lor solatz.

Ja ben aya selh qui-m noyri,
Que tan bo mestier m'eschari
Que anc a negu no-n falhi:
Que de jogar sobre coyssi,
A totz tocatz
Mais en say que nulh mo vezi,
Qual que-m vejatz.

Dieus en lau e sanh Jolia:
Tant ai apres del joc doussa
Que sobre totz n'ai bona ma,
E selh qui cosselh me querra
No l'er vedatz,
Ni us de mi non tornara
Descosselhatz.

Qu'ieu ai nom "maistre certa":
Ja m'amigu'anueg no m'aura
Que no-m vuelh'aver l'endema!
Qu'ieu suy d'aquest mestier, so-m va,
Tan ensenhatz
Que be-n sai gazanhar mon pa
En totz mercatz.

Pero no m'auzetz tan guabier
Qu'ieu non fos rahuzatz l'autrier,
Que jogav'a un joc grossier
Que-m fon trop bos el cap primier
Tro fo taulatz;
Quan gardiey, no m'ac plus mestier:
Si-m fon camjatz.

Mas elha-m dis un reprovier:
"Don, vostre datz son menudier"
"Et ieu revit vos a doblier,
Fis-m ieu:qui-m dava Monpeslier
Non er laissatz!"
E leviey un pauc son taulier
Ab ams mos bratz.

E quan l'aic levat lo taulier
Empeys los datz:
E-ill duy foron cairat vallier,
E-l terz plombatz.

E fi-l ben ferir al taulier,
E fon joguatz.



Traduction proposée :

J'aimerais bien que la plupart des gens sachent
si ce verset est bien rédigé.
Je le produit depuis mon atelier,
puisque je suis vraiment le champion de cet art
et c'est vrai
et j'apporte comme témoin ce verset lui-même
quand c'est fait.

Je connais bien la sagesse et la folie,
et je connais la honte et l'honneur
et j'ai à la fois peur et courage;
et si vous proposez un jeu d'amour
Je ne suis pas si bête
que je ne peux pas dire le meilleur
parmi les médiocres.

Je connais bien ceux qui veulent bien
et ceux qui me détestent aussi
et je sais qui se réjouit avec moi;
et si les messieurs apprécient ma compagnie,
Je suis bien conscient
que je dois prendre soin de leur confort
et de leur amusement.

Soyez béni celui qui a pris soin de mon éducation
et m'a appris un si bon métier
qui ne m'a jamais déçu
parce qu'en matière de jeu de société
pour chaque frette
J'en sais plus que n'importe lequel de mes voisins
peu importe ce que vous me voyez essayer.

Je remercie Dieu et Saint Julian:
J'ai tellement appris sur le doux jeu
que je suis plus habile que quiconque,
et celui qui demande mon avis
on ne le refusera pas,
personne ne reviendra de moi
avec de mauvais conseils.

Depuis que j'ai pour surnom "Infallible Master":
jamais ma maîtresse ne m'aura une nuit
et ne souhaite pas m'avoir le lendemain!
Parce que dans ce métier je suis (et je le dis librement)
tellement expert
que je peux gagner ma vie
dans tous les marchés.

Cependant, je ne suis pas si grand
que je n'ai pas été vaincu l'autre jour
quand je jouais pour un gros enjeu
et les préliminaires étaient tous en ma faveur
jusqu'à ce que le jeu soit présenté:
quand je l'ai regardé, ça ne servait plus à rien,
cela avait changé sur moi.

Mais elle m'a reproché:
"Monsieur, vos dés sont petits"
"Et je vais doubler les enjeux:"
J'ai dit "Même s'ils m'ont donné Montpellier,
Je ne démissionnerais pas! "
Et j'ai soulevé un peu sa planche
avec les deux bras.

Et après avoir soulevé la planche,
J'ai jeté les dés,
et les deux premiers étaient de bons points
et le troisième était chargé.

Et je l'avais bien frappé sur le plateau,
et c'était du jeu.




Ecrit par GUILLAUME IX
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