Regards aperçus
1
Noirs sourcils
yeux qui jamais ne cillent
regard perdu dans le vague d'une rue
absence de vie et inquiétude de celle qui ne voit rien
Soudain sans le savoir léger vient un regain
déclenché par le bruit le plus inattendu
la vie toute tranquille
des prunelles.
2
Tresses légères
autour de l'anodin ovale
sourcils délicats au-dessus des opales
pommettes encore brillantes d'un désir éphémère
la bouche un peu ouverte de souvenirs langoureux
elle souriait distraite à ce vol de pétales
lancé par cet homme pâle
amoureux.
3
Si clairs
peut-être légèrement verts
où des reflets bleutés jouent avec la lumière
ils regardent si franchement vers un ailleurs du ciel
qu'ils inquiètent même parfois celui qui les observe
tant ils semblent venus d'au-delà du réel
et regardent tout là-bas
l’ineffable.
4
Enfant aux purs yeux noisette
de cette couleur rieuse et encore très tendre où s'allient joyeusement la naissance le présent et l'avenir jusqu'à ce qu'on surprenne pointant du lendemain
la menace fugitive pour ce bonheur mutin de l’adolescence brusquement
rebelle.
5
Regard
De Dyonisos au feu dévastateur
incandescence de ces yeux prédateurs où l'on se perd souvent sans rien même imaginer
que cette brûlure terrible qui pétrifie sa proie et dévore sans raison
par la braise qui capture la vie et inspire la passion
sans laisser au pauvre cœur brûlé
un espoir.
6
De l'œil aussi
cette entrée sans conscience
de cet autre vous-même et leurs portes de verre
qui tiennent endormie cette lourde bête immonde tapie au fond de vous
sous des airs de franchise qui cache ces certaines banquises
où gèlent les tromperies sous une surface lisse
dans un piège scintillant en une minute
fatale
7
Regard
de l'âme enfin
gonflant sereinement comme une voile qu’on hisse
une image de bonheur derrière les pupilles et au fond des iris
forçant la vie lointaine au-delà des couleurs comme des apparences
pour atteindre fragile la vérité troublante
de cette communion qui demande silence
aux mots.
Parce qu'on ne peut penser aux yeux sans des regards, entr'aperçus bien sûr. Et parce que la peinture et la poésie ont ceci en commun qu'elles donnent à voir...
Ecrit par Elperu
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