Arlequins des mots


Il y a le lécheur de plumes et de mots
Crachant dans l’encrier sans l’avouer vraiment
Qui, les yeux trop baissés, en oublie son serment :
Ne pas trahir sa verve au propre de ses maux.

Il y a la souris qui grignote et qui court
Aux détours de la rime et qui vous fait pleurer
Non pas sur le mendiant qui crève dans sa coure,
Mais sur le petit chat mort dans l’Ile de Ré.

Il y a le précieux qui compte rime à rime
L’acrostiche nouveau, l’alexandrin magique
A oublier parfois tous ceux qui, nostalgiques,
Le regardent monter au plus haut de sa cime.

Il y a l’anarchiste égosillé de cris
Contre tout le pouvoir et les plus détestables,
Qui dit non, qui dit oui et puis, autant, qui rit
De cette femme, là, affalée sous sa table.

Puis il y a tous ceux amoureux de Rimbaud,
Jean Ferrat, Lamartine, Hugo et Barbara,
Voltaire et Aragon, Vian, Amélie Murat :
La splendeur exhalée d’un inconnu si beau !

Ceux-là n’ayant connu aucune prosodie,
De cette poésie qui frôle le bonheur,
Ferment ainsi les yeux pris par la mélodie
Du stylo à la main… qui chavire leur cœur.




Ecrit par Lyne
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