Le cochon

Car tout est bon en toi : chair, graisse, muscle, tripe.
On t’aime galantine, on t’adore boudin.
Ton pied, dont une sainte a consacré le type,
Empruntant son arôme au sol périgourdin,

Eût réconcilié Socrate avec Xanthippe.
Ton filet, qu’embellit le cornichon badin,
Forme le déjeuner de l’humble citadin;
Et tu passes avant l’oie au frère Philippe.

Mérites précieux et de nous tous reconnus !
Morceaux marqués d’avance, innombrables, charnus !
Philosophe indolent, qui mange et que l’on mange !

Comme dans notre orgueil nous sommes bien venus
A vouloir, n’est-ce pas, te reprocher ta fange ?
Adorable cochon, animal roi ! – cher ange



Sonnets gastronomiques (1854)

Ecrit par Charles MONSELET
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