« Un frisson me saisit »

Heureux qui près de toi, pour toi seule soupire,
Qui jouit du plaisir de t’entendre parler,
Qui te voit quelquefois doucement lui sourire.
Les Dieux dans son bonheur peuvent-ils l’égaler ?

Je sens de veine en veine une subtile flamme
Courir par tout mon corps, sitôt que je te vois
Et dans les doux transports où s’égare mon âme
Je ne saurais trouver de langue ni de voix.

Un nuage confus se répand sur ma vue.
Je n’entends plus : je tombe en de douces langueurs ;
Et, pâle, sans haleine, interdite, éperdue,
Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs.

Mais quand on n’a plus rien, il faut tout hasarder.


« Ode à une femme aimée », VIIᵉ siècle avant J.-C., traduction de Boileau, cité dans Longin, Traité du Sublime, chap. 8, 1700.

Ecrit par SAPPHO
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