Fatigue


Je veux rester dans mes coussins aujourd’hui,
Seule à goûter, muette et presque inanimée
L’heureux éreintement de t’avoir trop aimée
Et d’avoir énervé tes sens toute la nuit ;

Je sentirai profondément que ma jeunesse
Est à présent un fruit mordu dans sa fraîcheur
Par cet amour de toi qui me creuse et me blesse
Et laissera sa marque au meilleur de mon cœur.

Et je rirai tout bas, folle, cernée et blême
Du désir de ma bouche humide et de mes doigts,
Et de savoir mon âme enrouée elle-même
Irréparablement, en moi, comme une voix.




Ecrit par Lucie DELARUE-MARDRUS
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