Sonnet

Je t'aime, toi... Mais ne va point me plaindre,
Arbre de vie aux fruits délicieux,
Puisque ta forme et ses dons précieux
Sur tous mes cieux ne cessent de se peindre.

Oui, tous mes jours... Mais les nuits le font mieux :
A peine vient ma lampe de s'éteindre
L'ombre s'éveille, et mes regards de feindre
Ce qu'ils verraient et virent dans tes yeux.

L'obscurité m'ouvre ta chambre claire
Où si souvent ton sourire m'apprit
A t'inventer ce qui pourrait te plaire...

Ô pour ma soif de toi seule et d'esprit
Est-il au monde une autre récompense
Qu'être à nous deux la tendresse qui pense ?


Corona et Coronilla - Poèmes à Jean Voilier – Éditions de Fallois - 2008

Ecrit par Paul VALERY
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