Le paradis des arbres

Moi qui fus souverain courtisé des nuages,
Règnant tel un pacha sous la voûte des cieux
Sertie d’étoiles d’or, Ô que j’étais heureux
Ivre de l’air du soir frissonnant de l’alpage !

Revêtu de flocons ou les pieds dans la mousse,
Lorsque le vent soufflait au cœur de ma forêt,
Auprès de mes amis, ma vie semblait si douce,
Mon âme s’exaltait quand le coucou chantait.

Le peuple des oiseaux nichait entre mes branches,
Dans le silence froid, leurs chants me réchauffaient,
L’étoile se posait comme une rose blanche
Et, dans le firmament, la lune me veillait.

Je suis déraciné, perdu dans ce jardin !
J’y rêve de ruisseaux, de sommets, de falaises,
Mon âme se languit de sa forêt landaise
Qu’elle ne verra plus et, seul en mon chagrin,

Si je vous fais rêver en cette nuit magique,
Maquillé, décoré, brillant de mille feux
Aux lueurs des bougies, sous le regard d’un dieu
Pourtant, je m’éteindrai à l’heure fatidique

Et finirai ma vie un soir de février,
Quand vous allumerez la cheminée de marbre,
Je m’y consumerai, tout recroquevillé :
Y-a-t-il, quelque part, un paradis des arbres ?




Ecrit par Antigone
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