La fuite

C'est la barque où s'enfuit une amoureuse reine
Le vieux roi magnifique est venu près des flots ;
Son manteau merveilleux à chaque pas égrène
Quelque bijou tintant au rythme des sanglots.

La chanson des rameurs sur les vagues se traîne
La reine et son amant l'écoutent les yeux clos,
Sans crainte d'un récif ni d'un chant de sirène
Qui s'incantent peut-être au chœur des matelots.

Horreur ! Horreur de nous les joyaux, des squelettes
Coulés au fond des mers où surnagèrent tant
De fleurs, de cheveux roux et de rames flottant

Parmi les troupes de méduses violettes.
L'heur des fuites est sombre et violet d'effroi.
Tant de gemmes tombaient du manteau du vieux roi.


Poèmes retrouvés
(Ed.: 1956 - Poésie/Gallimard - NRF)


Ecrit par Guillaume APOLLINAIRE
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