Le vieux Chat et la jeune Souris.

Une jeune Souris de peu d'expérience,
Crut fléchir un vieux Chat implorant sa clémence,
Et payant de raisons le Raminagrobis.
Laissez-moi vivre : une Souris
De ma taille et de ma dépense
Est-elle à charge en ce logis ?
Affamerais-je, à votre avis,
L'Hôte et l'Hôtesse, et tout leur monde ?
D'un grain de blé je me nourris ;
Une noix me rend toute ronde.
A présent je suis maigre ; attendez quelque-temps.
Réservez ce repas à messieurs vos enfants.
Ainsi parlait au Chat la Souris attrapée.
L'autre lui dit : tu t'es trompée.
Est-ce à moi que l'on tient de semblables discours ?
Tu gagnerais autant de parler à des sourds.
Chat et vieux pardonner ? cela n'arrive guère.
Selon ces lois, descends là-bas,
Meurs, et va-t'en tout de ce pas
Haranguer les sœurs filandières.
Mes Enfants trouveront assez d'autres repas.
Il tint parole. Et pour ma Fable,
Voici le sens moral qui peut y convenir.
La jeunesse se flatte et croit tout obtenir :
La vieillesse est impitoyable.


Les Fables de la Fontaine

Ecrit par Jean DE LA FONTAINE
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