Les trois souhaits

La petite fille rentrait de l’école. Elle gambadait joyeusement, sautant d’une dalle à l’autre, suivant un chemin qui n’existait que dans son imagination. Arriva son moment préféré, celui où elle rejoignait le raccourci qui traversait la petite forêt du village, lui faisant gagner dix bonnes minutes pour arriver à la maison où l’attendait le délicieux goûter que sa maman n’aurait pas oublié de lui préparer. C’était tellement agréable de sentir toutes ces odeurs, de croiser les habitants des bois, de profiter des couleurs changeantes en fonction des saisons. Elle ralenti légèrement le pas pour savourer un peu plus de cet instant, perdue dans la nature. Elle était toute à sa contemplation lorsqu’elle entendit une petite voix montant du talus et réclamant de l’aide. Intriguée, elle baissa les yeux pour découvrir d’où venait cet appel. Elle aperçu alors une toute petite femme avec des ailes de papillon prisonnière d’une toile d’araignée. Sans se poser plus de question, elle se baissa et récupéra la drôle de créature dans sa main tout en évitant de détruire le domaine de l’arachnide. Elle la porta à hauteur des yeux.
- Merci, dit la mini fée (car s’en était une), tu m’as sauvée d’une mort atroce et tu n’as pas à faire à un ingrate, permet moi d’exaucer trois de tes souhaits.
La fillette réfléchit un instant, elle ne savait pas trop quoi demander. Puis se décida.
- Oh, je sais, dit-elle, j’aimerais tellement avoir vingt ans !
- Soit.
Elle senti son corps changer, ses souvenirs se transformer. C’était chouette, elle était pétillante de vie, reconnu les émois d’un amour naissant pour ce beau jeune homme qui lui avait fait la cour. Leur premier baiser échangé, la douceur de ses lèvres, l’éclat de son sourire, l’étreinte rassurante de ses bras virils. Elle était en plein rêve et voulait connaitre la suite.
- S’il vous plait, je voudrais avoir trente-cinq ans finalement, si c’est possible.
- Soit.
La transformation fut plus brutale, ses souvenirs plus amers. Que de trahisons essuyées, de chagrins consommés. Elle était divorcée, avec deux beaux enfants, certes, mais remplie d’illusions perdues. Des petites rides près des yeux. Un peu de cellulite. Un patron tyrannique, un amant volage, aucun espoir en un avenir radieux. Quelle mouche l’avait piquée pour avoir une idée aussi saugrenue que de voyager dans le temps.
- Non, j’aimais mieux le temps où j’étais petite fille, fais moi revenir comme avant.
- Soit.
Elle se demanda pourquoi elle s’était arrêtée, puis réalisa qu’elle suivait des yeux un joli papillon. Elle le regarda un petit moment, puis, lorsqu’il disparu derrière un bosquet, elle reprit, insouciante, le chemin de la maison en sautillant.




Ecrit par LCM
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