Gésine

toujours il a les bras
croisés sur la poitrine
les deux mains aux épaules
le menton pointé haut
la tête redressée
déliée
loin devant
il ne fait plus la boule
comme un nageur remonte
il s'étire et s'élance et traverse la passe

une épaule apparaît
rotation lente
et sûre
et l'autre se dégage enfin
il était temps
le reste alors se coule hors du cocon si doux
dont il est expulsé

comme on met à la porte
comme on met au rancart
comme on met au rebut
le voilà mis au monde
déposé dans le vide
à jamais déplacé

ses mains ne trouvent rien
il bat l'air des deux bras comme un oiseau blessé
la lumière meurtrit ses deux yeux bien serrés
il cherche un premier souffle
et son cri sort
enfin

*
* *

ma douleur et ta voix
ta terreur et ma joie
nous nous tendons les bras

ma douceur
mon amour
ce premier face à face
visage dessiné lentement sous mes yeux

un soupir a mis fin à tes hoquets furieux
sur mon coeur ébloui tu as trouvé ta place




Ecrit par Tanit
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