Echapée belle


Cheminer sur les toits en vrai chat de gouttière
Les pieds nus sur les plaques de zinc patiné,
Fouler, indifférent, la grande termitière
Des habitants fourmis vivant emprisonnés.

Dèraper sur le gravillon d'une terrasse,
En ressentir chaque pique comme un fakir
De mes plantes y laisser la furtive trace,
Souple et félin, sur un autre toit rebondir.

Escalader le mamelon d'une coupole,
Utiliser l'autre versant en toboggan,
Courir en équilibre au long d'une rigole,
Vivre suspendu entre le vide et le néant.

Puis, s'appuyer au rebord d'une cheminée
Percevoir du boulevard le son assourdi
Rêver du ressac de la Méditerrannée
Des allées de palmiers, des senteurs du Midi.

Une grimace aux gargouilles de Notre Dame,
Un sourire aux cariatides de l'Opéra,
Un salut amical à cette vieille dame
Qui au balcon hume ses roses Baccarat,

Un dernier tour sur les faîtières en acrobate
Avec pour spectateurs les toits et l'horizon,
Et par la lucarne regagner ses pénates
Au dernier étage de cette tour prison.




Ecrit par Alf
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