Sur mon bateau-livre

Voguant sur l’onde littéraire,
J’ai jeté l’encre entre ses pages,
Comme un marin dessus la mer
Vient accoster sur le rivage.

En fuyant le chant des Sirènes
Au gré des vagues sibyllines,
Tel un Ulysse à l’âme en peine,
J’ai bu l’amour entre ses lignes.

Si le Cap de Bon-Espérance
Tant de pêcheurs ont traversé,
Moi j’ai tant lu -jusqu’à l’outrance-
Et tant de pages j’ai froissé.

En me baignant dans sa sagesse,
Tout en émoi ou en supplice,
J’ai dégusté jusqu’à l’ivresse
Tous ses rébus avec délice.

J’ai affronté tous les courants :
De l’Humanisme à La Pléiade,
Jusqu’aux écrits désopilants,
De hâbleries en galéjades.

En désertant avec panache
Tous les raccourcis de ma vie,
J’ai pu jouer à cache-cache
Et laisser cours à mes envies :

J’ai coupé les fils de pantin
Entravant mon imaginaire,
Avant qu’un jour un plaisantin,
Sans prévenir, le fasse taire.

Puis, j’ai renversé tous les murs
Qui bornaient mes incertitudes,
Si j’ai souffert sous leurs morsures,
J’ai retrouvé ma quiétude :

Embarquant sur mon bateau-livre,
Je me construis tant d’univers,
Un nouveau monde où je suis libre
D’appeler le printemps « hiver ».

© Tous droits réservés (11.04.2013 – 20 h 58)




Ecrit par Antigone
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