Ozone

Ozone




Je venais de la forêt, du profond des bois denses,
qu’en d’humides fraîcheurs où dort, sauvage, l’ombre,
Dionysos hante encore, aux abois…

J’apparus, faune éprouvée, vecteur du ravage intérieur,
et tous m’appréhendaient, leur mépris à la peur mélangés
ainsi qu’un Caravage noir, violent, contraste aux
couleurs acides ; cris furieux, ton agressif, et moi,
sortant, suave, étrange et dangereux, plein d’odeur
d’humus gris…

Ils m’ont regardé comme en un miroir concave ;
nous étions étrangers même au-delà des mots, prononcés,
entendus, des mots tus, triste enclave !

Caché pour protéger du soleil mes émaux, j’ai diffracté
toute lumière occultant l’homme, et je l’ai vu, croulant
et ranci sous les maux, et moi - qui ne sais qu’être,
hélas ! pêcheur d’atome, chasseur d’axiomes à peau
bleue, au sexe aigu, j’aurais voulu que naisse un feu
d’opisthodome, au fond du temple étroit, du naos exigu,
nid de l’image morte et plate, un divin sombre, pour
libérer l’esprit du mystère ambigu, comme on lâche les
rats du navire qui sombre aux flots du mysticisme où
gît l’apostolat, grand voleur de folie et de forces,
décombre noir et pestilentiel, d’où les Caligula de morale
sacrée onctuent ;
de faux Yahvé collant à l’animisme ancien,
le postulat premier…

Et le temps vient que l’on en meure : Ave !
Tapie à mon silence, on sent partout ma fin ;
j’ai craché comme un chat quand ils m’ont
achevé.

Le sang sourd de ces mots et dégoutte de faim.





Ecrit par Salus
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