A la mémoire d'un homme errant

J' voudrais construire un monument
A la mémoire d'un homme errant
Pauvre clochard et vieux garçon
Méprisé sans contrefaçon.

Te souviens tu du jour où tu
Avait comm' toujours trop bu
Et dans la chaleur de juillet
Tu dormais dans mes escaliers ?

Tu ronflait comme au bon vieux temps
Quand elle disait qu'elle t'aimait tant
Qu'elle mourait pendant tes absences
Qu'avec toi, la vie prenait sens

Tu étais déjà un pochtron
Tu buvait ses paroles, son nom,
D'ivresse tu titubait un peu
Tu n'étais alors pas bien vieux

Mais un jour elle ne fut plus là
Et tu ne sus jamais pourquoi
Chaque femme lui ressemblait
Lorsqu'éperdu tu la cherchais

Alors, un verre, un peu d'ivresse
Pouvoir étouffer la détresse
Demain est un autre aujourd'hui
Et le désamour te détruit

Tu t'écroules sur la chaussée.
Je traîne jusqu'à l'escalier
Ton corps qui rebute les gens
Mais je sais bien ce qui t'attend

J'appelle à l'aide, je téléphone
Les pompiers sont là et te donnent
Les premiers soins en te parlant
Puis ils t'emmènent, ils en voient tant !

Je ne t'ai plus jamais revu
C'est triste, c'était tout entendu
Tu n'étais plus qu'un chien errant
Un chien, ça meurt d'amour, souvent !

J' voudrais construire un monument
A la mémoire d'un homme errant
fleuri par les gens de la rue,
Qui cherchent un amour disparu.





Ecrit par Marylou Dulac
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