A une bouteille brisée par le gel,

Ma chère fille.

Aux enterrements, les vieux parlent entre eux, se fichent pas mal de mon baratin et à la quête tintin, ils ne donnent rien. Dans la sacristie, ils négocient les prix pour un mariage, un baptême. Y’a plus de peur, y’a plus de respect. Je ne fais pas de miracles. Trois pigeons qui chient sur le tabernacle ne valent pas une messe. Les malheureux sont un business pour les enfoirés.
Quand je prête ma cellule, file un pull à un paumé qui se barre à l’aube sans un merci, j’éteins la lampe sur mon bréviaire et je prie pour son salut. Je n’ai pas droit au feu de la rampe.
J’expie de mes pairs les mensonges qu’ils firent hier. Ce mec en bois, les bras en croix n’a aucune conversation. J’ai pourtant la Foi.
J’implorai ta miséricorde pour tes erreurs pour toi sans toit. J’avais à ton encontre quelques griefs.
Mon réconfort, mon soleil, ma seule clientèle, Mademoiselle Fine, victime de tes rapines. Dans la nef, j’avais repéré ton manège.

Des pas dans la neige, jusqu’à ta crèche, ils me menèrent. Entre deux courants d’air, je découvris relief de graillons sur reliques de passé. J’ignorais encore que ce fut toi, Manu. Dans la rue, dans la dèche. J’en fus ému. Je volai cette icône. Au dos, quelques mots que je t’adressais, des mots d’homme sur des mots de l’enfant qu’il fut. Cette lettre que tu me repris.

Comme hier enfançons, je te prêtais mon seau, tu m’arrachais mon râteau, cet hiver je te tendis la main laissant la tienne glisser dans mes économies. C’est bien peu de chose, quelques ferrailles que je glissais dans les troncs pour ta seule subsistance au nom de notre enfance.

Pigeon vole...

Père Tomas, ton Toto.


Suite de Manu à Toto

Ecrit par Ann
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