Fragment d'éternité, moignon d'espace


Portion restante ou part à venir ? Moignon d’éternité, fragment d’espace, poussière d’étoiles…, effectivement on ne peut pas dire que je suis au meilleur de ma forme !

Ainsi, l’homme se fait et se défait au fil des événements. Émoussé de la tête au pied et amputé du cœur, il se fait et se défait, à l’écheveau mal lié des relations intimes.
Au dédale des puzzles de l’âme, du corps et de l’esprit, que dalle !
Point d’homme en dehors de la Croix et des chiasmes du Ciel et de ceux de la Terre. Point d’homme dans l’embrouillamini des fils sans fin et des fins sans fil, du tournoiement des moyeux sans nœuds et des œufs sans germes, point d’homme dans les labyrinthes des dieux et dans aucun de ces lieux labyrinthiques.
Il y a partouze une grande confusion, des fractions d’humanité, des parties d’un grand tout partant de partout, des portions d’une réalité qui se dit en puissance, comme en virtualités au cœur des divisions.
Fragmentation de tous les disques durs de la feuille, ceux qui ne veulent rien voir et rien entendre du tout !
De la table de multiplication à celle de dissection, des sections de chairs, de nébuleuses, de nerfs à disséquer la vie jusqu’à l’âme des choses : Coupure, clivage des usures, des formes morcelées d’âge en âge et de génération en génération.
Puzzles devinettes, enjeu d’un grand jeu de patience, casse-tête chez moi et dans les hauts lieux d’impatience, casse-tête d’un « je » qui se perd en conjecture, en conjoncture en en conjonctivites de visions parcellaires.
C’est pourquoi les yeux sectionnés d’un poète, dans la main d’un anatomiste qui aurait le sens du rythme, ressemblent à s’y méprendre aux coques pleines d’une paire de maracas, que l'on agite en cadence, pour marquer sans modération la mesure de la vie.

Œil pour œil, métaphore pour métaphore …, les phénomènes poétiques comme accidents d’images, ressemblent, quand on y regarde de plus prêts-à-porter attentions, à des percussions de météores dans un univers à défragmenter à la force des porteplumes.


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Écrire pour honorer les cendres des mots, telle est ma quête !<br />
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Fantasmes, intuitions, clairvoyance …, les images, métaphores et autres visions seraient-elles des débris d’un univers fragmenté, morceaux fossiles voyageant en apesanteur entre le Ciel et la Terre ? <br />
Telles des miettes éparses, de part et d’autre de l’être. Une myriade de grains de sable, résidus d’images égarées entre deux théophanies, deux créations, et quelques nuits obscures ... <br />
Des bouts à relier, des éléments à recomposer, des morceaux d’idées, à l'origine d’un puzzle sans fin. Sans fin, jusqu’à ce que les copeaux s’unifient, se fassent chair contre la rétine du poète, le long de ses nerfs optiques, en son cortex profond. <br />
Poussières de mots avec lesquelles il fait mon encre ne sachant faire son beurre, mélangeant sa salive et ses larmes avec les cendres des morts et celles des mots lâchés aux vents, dans un mortier de pierre brute, et ce pilon avec lequel il écrase les pigments de l’existence, n’est rien d’autre que sa jambe de bois, résineuse, écorcée, écorchée …, avec ses nœuds et ses emplâtres, ceux de ses manques et de ses expériences à l’étal des écrits.<br />
Pilonnant les verbes pour instrumentaliser les phrases - pilant les émotions aux mortiers du ressenti - broyant et mixant les images dans la cuve d’une imagination sans frontière, la poète veut écrire pour honorer les cendres des mots, telle est sa quête ! Il quémande la poussière, il sollicite le regard, des yeux transparents comme des tessons de bouteilles jetées à l’océan d’une Voie lactée de visions lactescentes. <br />


Ecrit par Reumond
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