A Manon

C’était un soir, bien malicieux,
De rêves fous et audacieux,
Je vous charmais belle Manon,
C’était le temps des floraisons.
Votre regard n’était farouche
A mes baisers sur votre bouche,
Que je volais très tendrement.
L’amour s’installait lentement.

Dans la douceur de ma chambrette,
Tous deux posés sur ma couchette,
Je vous dévoilais ma passion
Pour les plis de votre jupon,
Sans contrôler ma main errante
Qui effleurait la douce pente,
De votre jambe intimidée
A votre perle de rosée.

J’étais fripon, j’étais un homme,
Parfois charmeur mais gentilhomme,
Je prenais un air innocent,
Je voulais être votre amant.

C’est un regard fort peu discret,
Qui embrasa mon intérêt
A contempler votre corsage.
Vous n’étiez plus, vraiment, très sage
Car vos boutons bleu opalin
Sous la pression de vos doigts fins,
M’offrirent vos douceurs de femme
Pour qui, souvent, l’homme se pâme.

Nos corps troublés, nos peaux amantes,
Vibraient dessous nos plaintes lentes
Et puis, soudain, se sont fondus,
Au dernier cri tant attendu.
A la fenêtre un drap de lune
A recouvert votre peau brune,
Comme un cadeau du firmament.
Vous étiez un enchantement.

J’étais fripon, j’étais un homme,
Parfois charmeur mais gentilhomme,
En prenant mon air innocent,
Je suis devenu votre amant.

Au petit matin, attendri,
Mon cœur savait, j’étais épris.
En observant votre regard
Il redoutait votre départ.
Mais il ne fut pas très farouche
A votre baiser sur ma bouche
Que vous me voliez tendrement
Avec un sourire éclatant.

La porte à peine refermée
Sur votre parfum exhalé,
Je récrivais déjà l’ivresse
De nos langueurs, de nos caresses.
Mais aujourd’hui est monotone,
Comme le gris d’un soir d’automne.
Où est le temps des floraisons,
Que faites-vous tendre Manon ?

J’étais fripon, j’étais un homme,
Parfois charmeur mais gentilhomme,
Je n'aurai plus l'air innocent,
Je veux demeurer votre amant.





Ecrit par Aros
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