Eaux courantes

Le long des rives incertaines,
une mer de vase noire,
empesée de passé s’émousse,
étrangère,
décidément lointaine à force de présence.
Un absolu du resurgissement
d’ombres
du temps qui se défait, s’insurge :
immobilité absente retrouvée
au gré des marées, où le caboteur se noie,
de la mémoire à l’instant réconcilié.

Le long des rives incertaines
- une certitude en naît - :
tout court et se meut
comme cette eau millénaire dont rien
ne prévoyait qu’elle se modifiât,
qu’elle changeât
sous un regard mouvant,
une étoile qui s’allume,
un ciel qui se charge,
un homme qui pleure
de retrouver vivant ce qu’il pensait défunt.

A l’ouest,
le sémaphore gris se plie
dans un chatouillement d’atomes :
la danse est éternelle.


<br />
Vienne, 9 mai 1998<br />


Ecrit par Didier Viaud
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