Miroir

C'est une vallée noire ornée de grands sapins,
Aux verts profonds et sombres, aux troncs majestueux,
Dressés comme des pics, aiguisés, vers les cieux,
Rougissant sous l'empreinte d'un imminent déclin.

Autour les montagnes ressemblent à des barreaux
Habillés en glaciers pour masquer le fléau,
Le soleil y rebute et le sol l'attire,
Vers les arbres hivernaux que la pointe déchire,

Comme une blessure d'où le sang coule à flot,
Le ciel s'emplit de rouge et le son d'un sanglot
Se répand dans l'espace et se forme en écho
Et viens mourir aux pieds des racines en étaux.

Et celles-ci nourries de tristesses et souffrances
Grossissent aussi bien que le sang se déverse,
La douleur est l'engrais qui durcit leur écorce
Et le mal la terre où le démon se dresse.

Ainsi la nuit s'installe et se cache, Terrible!
Sous l'épaisseur opaque des manteaux en aiguille,
Dans la pénombre s'ébruite l'éclosion inaudible
Du monstre! Il est là! Et de ténèbres brille!...

Plus un bruit. Rien du tout. Tout est immobile,
Le vent ne souffle plus, les branches sont figées,
Même le cri lointain s'est doucement dissipé.
Le calme est plat. L'air est stérile.




Ecrit par Joachim
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