La musique de la vie

C'est de la prose trop longue pour être honnête,
c'est de la frime en prime-time
et ça ne mérite aucune enquête,
c'est la fièvre de mon âme
brulante comme la Sainte Vierge,
c'est le corps d'une rédemption
et l'avènement d'un monde polyglotte.
C'est la vision d'un homme, d'un atome,
d'un électron calciné.

Pour ne parler de rien, parlons malin,
pour ne parler que vrai, par la massue
vient l'étincelle.
Pour ne parler que d'elle pète-lui la rondelle,
pour ne parler que de lui noie-le dans le jacuzzi,
pour ne parler que de moi, regarde-toi et flambe.
Pour ne parler que du doigt marions l'anus,
pour ne parler que du vent voyageons,
pour ne parler que d'oiseaux, partons du ciel.
Pour ne parler que du temps, mentons.

On a le temps, dit-on
quand on est jeune, libre et rêche ...

C'était peut-être une vie d'avant,
un ange éveillé, du signe de l'amour,
belle comme un soleil à la plage,
le soleil et la soif, recto verso,
une vie d'artiste, verso rétro,
- le vent botte le cul des ans -
vie aérienne et pourtant souterraine.

Avec un beau cachemire, avec un beau cachet,
on enflamme les cœurs des followers.

C'était peut-être et par nature
une autre vie, une autre voie,
c'était extra. Au mieux ça ne s'arrêterait jamais,
la roue de la fortune et les joues amoureuses,
les virées en carriole à la tombée de 44,
l'ivresse dans la tête, le feu dans les jambes,
à la recherche de l'Himalaya.

Quid venit in mundum nihil dignum turbare veneratio nec patienta.

Ce que j'écris, là, dans le meilleur des mondes,
avant de retrouver mes esprits, ma paresse,
avant le blanc de l'hiver du maquis,
avant que le tempo ne sonne le glas,
je l'écris avec une bulle d'espoir,
entre le rêve et la réalité,
la musique de la vie comme un but.
J'ai des étoiles plein la vue.

J'avoue que j'ai vécu à contretemps,
en avance, en retard, rarement à l'heure...

C'était mieux avant, du temps de nos parents,
mieux que c'était l'amour avant la pluie,
la pluie avant le soleil, et vice versa ;
le soleil avant l'amour, l'amour avant la soif,
c'était mieux avant, et vice verlan !
Je file à l'ouest comme les diamants d'Anvers,
c'était mieux avant que n'en décide le vent.

L'arbre, cachemire de la forêt, poumon du continent,
avant que le monde ne s'enflamme jusqu'à la lune.

C'était mieux la nature avant le progrès,
le progrès avant la voiture,
la voiture avant le web, c'était extra.
Au mieux ça ne s'arrêterait jamais,
l'on pouvait lire les journaux avant la télé,
la voix était reine et l'image incertaine,
un havre de paix la lecture avant l'écran,
avant que le temps ne devienne rare
et le vent décadent.

So crazy !!

Crazy world crazy money crazy football crazy monkey
Can you feel it ?

Crazy kurva crazy kava crazy kino crazy vino
Nikola Tesla

Crazy moeurs crazy morse crazy torse crazy coeur
C'est un monde étrange

Crazy Arbeit crazy Zeit crazy Benzin crazy Wildschwein
Haus der Kunst

Crazy sodade crazy verdade crazy liberdade crazy noite
Una mistura da vida

Crazy crash crazy cash crazy catch crazy flash
Una storia importante ?

Qui veut voyager loin ménage sa monture,
heureux qui comme Ulysse a fait un bon voyage !

C'était mieux ma prose d'avant,
avant l'automne couleur d'été,
avant l'été, sans la canicule,
la canicule de l'esprit avant la canne de l'espoir,
avant que le temps ne choisisse de filer
comme une fusée dans le ciel étonné.
Du temps de mes parents le vent avait de l'accent,
les murs avaient de l'oreille, et les jeunes de l'oseille.
Je roule sur mes 88.

À vrai dire quand on parle de la vie,
petite entité d'un immense gribouillis,
je préfère ne pas prendre de gants
et oublier le sang qui coule en ce moment
à travers l'immonde écho de la terreur.
À vrai dire, la plume est plus qu'un médicament,
plus efficace qu'un suppositoire détergent,
plus indulgente que le rapport d'un procureur...
Et se perdre au bout de ses mots,
reprendre le fil de sa vie, de sa feuille,
des saisons : la plume est l'existence.
À vrai dire, le talent n'excuse en rien,
et ne pas en avoir n'est pas un alibi,
qu'on soit en Chine, en Argentine, en Croatie,
la vérité du jour n'est pas celle du lendemain.
Un iceberg, aussi solide soit-il,
se fond dans son environnement.

Sur la rambarde, cet enfant mime la Manche,
sous la marquise, cet homme joue à saute-mouton,
sous le manteau, le vénérable n'a que l'éclat de ses dents,
sur ses gros seins, elle a tatoué un dragon,
et, de son vagin, plane un nénuphar,
pendant qu'au bout de la table roupille la grand-mère,
d'un somme pétaradant.
Et moi le scribouillard j'essaie d'être élégant.
Que voulez-vous de nous, de nos existences ?
Que voulez-vous, nous sommes à votre image...
La vie n'est pas une œuvre d'art,
la vie est un elfe mordant.

Mater dolorosa

@ Edi Sorić





Ecrit par Domagoj sirotinja
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