Le papillon du soir

Il fait si doux, ce soir, à l’ombre du tilleul,
Sur le vieux banc de bois qui n’attendait que toi.
La ronde d’un martinet tamise la futaie,
Et la lune complice met son manteau de soie.
Pour toi.


Un enfant du printemps, auprès de la fontaine,
Guette le papillon et ses ailes d’espoir.
Il ne sait pas encore que la vie trop amère
N’apporte qu’illusions dans ses bagages blonds.
Pourquoi ?


Sur le vieux banc de bois qui n’attendait que toi,
Je regarde l’enfant et, en secret, j’espère
Que peut-être, là-bas, dans ton île lointaine,
Tu guettes, toi aussi, l’envol d’une phalène.
Comme moi.


Puis le petit garçon qui te ressemble un peu
Quand je lis, dans ses yeux, le soupçon d’un aveu,
S’assied, tout contre moi, sur le vieux banc de bois,
Et pose une question teintée d’appréhension :
« L’espoir, qu’est-ce donc ? ».


Ô l’espoir, mon amour, quand tu as trop pleuré,
C’est de suivre, la nuit, l’envol d’une phalène
Qui, sur un filin blanc, dans le vent caressant,
Emporte ton message sur une île lointaine.
Je lui parle de toi.


Il fait si doux, ce soir, à l’ombre du tilleul,
Et le parfum des fleurs enivre les chimères.
Pour l’enfant du printemps, je grave sur l’aubier
Un papillon du soir et ses ailes d’espoir.
Et ses ailes d’espoir.


Automnale





Ecrit par Automnale
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