Antiquités


En découvrant l'endroit
C'est d'abord la surprise,
Il tiendrait à la fois
De musée et d'église.

Envoûté par l'ambiance
Des centuries passées
Et par quelques fragrances
De ces meubles cirés

On est bientôt happé
Par l’atmosphère unique
Et les senteurs sucrées
Des patines antiques

Une impression subtile
D'odeur et de silence
Et la forme immobile
D'une grande crédence.

Tiens ! Un curieux emblème
Sur un lit presque rond
Acheté en Bohème,
Don de Napoléon

Napoléon troisième
Quand l'empire finit
Eugènie elle-même
S'y serait assoupie.

La commode arrondie
Et son verni Marlin
Et un meuble d'appui,
Puis un très beau lutrin.

Deux miroirs dont le tain
Est un peu défraîchi,
Un coffret en étain
Et un vase de nuit.

Daté du dix-septième
Soit plus de trois cents ans
Napoléon lui-même
Aurait pissé dedans.

Des tasses de Limoges,
Des porcelaines Ming
Dont chacun s'interroge
S'ils sont de même ligne.

Et ce vase de chine
Au délicat dessin
Découvert dans les ruines
D'un palais à Pékin.

Comme une mise en scène
Des cuivres ciselés
La grande maie de chêne
Les œufs de Fabergé

Et ce morceau de pierre
Trouvé par Champollion,
Là-bas dans le désert
Avec Napoléon.

Il est vrai que l'on pense
À des trésors antiques
Quand on voit la crédence
Aux patines rustiques.

En songeant à l'endroit
Longtemps j'ai hésité
À le classer je crois
Entre église et musé.

Cette impression subtile
D'odeur et de silence
Et la forme immobile
De la grande crédence.



Voici un magasin qui ressemble fort à un musée.

Ecrit par Jakecrit
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