Réponse à Mady Kissine

Vous souvenez-vous chère dame que nous avions commencé un dialogue interrompu par un séisme. Me permettez-vous de vous en donner ce jour la suite écrite il y a un an et demi mais jamais diffusée ?

Puis-je rappeler la première partie de cet échange ?

« Je ne pourrai croire que ce qu'il faut comprendre.
Or, il ne s'agit pas de confondre, à tout prendre,
Foi et crédulité, maximes d'autres temps,
Symbolismes outrés de vides redondants,
Chambres de députés et de législateurs,
Prophéties de tout poil asservissant le cœur.
La foi, elle, est ailleurs, absolument intime,
Elle ne souffre pas en restant anonyme,
Au contraire – pour moi qui crains fort les rhéteurs
Habiles à drainer, par leurs mots enchanteurs,
Les vains, les affaiblis que la vie a blessés,
Les simples qu'on envoie au feu sans bouclier.
C'est par l'éducation, et par la connaissance
Qu'on peut trouver en soi courage et résistance.
À la fin de sa vie, si l'on a tout appris,
N'est-on pas Dieu soi-même, ô cela fût joli.
Il n'y eût pas assez d'étoiles dans le noir
Pour contenir en tout l'entité de l'espoir.
La foi du charbonnier, toute simple, est cruelle
À ceux qui savent tout, elle semble rebelle.
Mais ne croyant en soi, l'homme devient la proie
Des mystiques, des fous, qui pour servir leur roi,
Déshabillent le pauvre et en font un guerrier
Pour conquérir la terre esclave de l'acier.
Ne croire en rien pourtant n'est pas plus efficace :
L'argent achète tout, construit des carapaces
Mais l'Amour, quand il passe, éclaire d'absolu
L'âme humaine étonnée qui ne l'avait pas cru.


En fait, je ne crois pas,
puisque je suis certain
que l'Inconnaissable Ineffable Indescriptible
est
de tout temps. (source : ma foi du charbonnier) KISSINE
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Réponse : partie 1

Votre loyal écrit semble bien charpenté
Vous croyez, moi aussi, en l’humble humanité.
Je ne voudrais surtout pas bousculer en vous
Cette foi en l’homme qui souvent rit de tout.
Prudent je veux rester envers les religions
Tant les bonimenteurs de nos jours sont légion !
Les gourous, les devins, tous autoproclamés
Agitent au-dessus de leurs têtes enflammées
Divers oriflammes aux couleurs alléchantes
Pour ravir les mouches par leurs viles fientes.
Loin de moi, je maintiens, ces personnes habiles
A troubler le repos de l’âme et de la bile.

Quand les livres sacrés servent le plus souvent
A répandre l’erreur, combien sont décevants
Ces chants d’allégeances aux préceptes divins
Aux cieux montent lors des paroles en vain.
Comment peut-on croire en tous ces boniments
Ils élèvent certains, enflés de compliments.
Tandis que les faibles soumis à leurs caprices
S’imaginent des dieux l’objet de leurs supplices !

Les marchands installés, dans le temple, tout autour
Chassés mais revenus en de sombres détours
Lèvent des empires, veulent devenir rois
Soumettent les foules à leur mielleuse foi.
Or ceci arrive car chacun d’entre nous
Montre une déraison à tomber à genoux !
Rares sont les êtres capables de lutter
Tant l’humain baigne dans la crédulité.
Aisément nous glissons sans trop le percevoir
Vers cet état béat où nous nous laissons choir
Faute de volonté ou de connaissances
A moins que cela soit œuvre d’impuissance !

Egaux devant la loi : démocratiquement
Le destin se charge, quel fin discernement
D’octroyer le talent avec parcimonie
Aux hommes jalousés pour leur hégémonie !
Car non transmissible l’intelligence est seule
A démêler le vrai du fourbe son linceul !

.
Il faut toute une vie pour acquérir sagesse
Apprendre mène seul à l’unique noblesse.


Ignorons nous, vous, moi, qu’à défaut de penser
L’homme désir sans fin à vouloir compenser
Par futiles propos le roulis de son cerveau
Assemblant ses idées en un vil écheveau ?

Mais de cette laine il ne peut se couvrir
Lors pour bien disputer il se doit revêtir
D’un savoir bien tissé. La vraie connaissance
Demande courage. Elle est par essence
Tant affaire d’âme que labeur continu
Pour la bien édifier il faut c’est reconnu
Bâtir de ses mains nues, sans craindre les ampoules
Les murs de sa maison. Par les pores s’écoulent
Nos frêles illusions, nos stériles pensées.
L’effort récompense même les insensés !


Réponse : partie 2

Moins je sais plus je lis, plus je lis moins je sais
Connaître fait gonfler, l’orgueil devient abcès !
Lors le cœur ne vient pas équilibrer le tout
Car sans âme savoir est plat comme la toue
Qui glissant sur le flot de nos ignorances
Prétend gagner la mer sûre de sa science.
Bien souvent je me perds en de noirs océans
Cherchant la lumière où règne le néant
Malheureux, affolé de ne point découvrir
Au-delà des bons mots le sel de l’avenir !
Au plus profond de moi règne la confusion
Malmené que je suis par vaines illusions.
Je descends alors là où je ne veux aller
La vie perd son charme en de sombres vallées .
L’horizon se bouche, le temps se raccourcit
Quand lors à l’agonie l’esseulé s’endurcit.
Tout le poids du monde sur mes reins se pose
Ma joie comme plomb dans le puits dépose.
J’entends les sirènes chanter le dépérir
Acédie, angoisse veulent me voir mourir
Ces moments horribles s’intensifient souvent
Jusqu’au paroxysme : il ne reste que le vent
Les sentes lointaines, la marche solitaire
Pour désserer l’étau de ce vil locataire !
Dans ces lieux amers je ne séjourne pas !
Me faisant découvrir l’avant goût du trépas
Je les rejette loin n’ayant désir de mort !
C’est ainsi que tourne vers moi un meilleur sort !
Tout ceci vient en fait de tous ces philosophes
Qui n’ont eu de cesse à bailler leurs catastrophes.
L’absurde, le non-sens étaient leurs nourritures
Alimentant notre âme de grisantes pourritures !
Lors nous furent insufflés sur les bancs de la fac
De biens mortels venins. Ces égo-maniaques
Dégorgeaient leurs poisons, dispersaient leur alcool
En nos jeunes ardeurs : affligeant vitriol.
Pour sortir du faux-pas il fallut bien des ans
Car du gouffre ne peut s’ extraire un enfant !
Il fallut tout gommer, la fondation fragile,
Instable édifice, reposait sur l’argile.
Ballottés à tous vents, angoissés et amers
Nous étions des marins orphelins de leur mer !
Avides de grand air, ignorant ses secrets,
Nous voulions voyager nourris de sots décrets!
Il fallut déchanter. Rejeter l’héritage
Retracer nos sillons, refuser les mirages !
Voilà ce que devins n’avaient imaginé :
Aux âmes errantes le courage fut donné.
Affronter le réel fut planche de salut.
Dissipés les rêves, aussi leurs plus-values
Il fallait se battre : nous l’avons alors fait
Sans arrières pensées sans aucun porte-faix.
Ce combat épique nous aura relevé
En humble dignité : nous étions entravés !
Seul l’effort nous sauva mais restons modestes
Sans lui jamais vaincue n’aurait été la peste !


Vaut mieux tard que jamais !

Ecrit par Chanteurpopulaire
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