Au café des flots bleus

Au café des flots bleus, les marins en goguette
Gardent au fond de leurs yeux les îles aux rives blondes ;
Prés du comptoir de zinc, rajustant leurs casquettes,
Ils donnent de la voix, saluant à la ronde.

Leurs coeurs sont accrochés à leurs mâts de misaine,
En un flot de fumée, ils chantent un vieux refrain
Qui raconte l'écume et la mer souveraine,
Les nuits tièdes embaumées au parfum de jasmin.

Tandis que le soir tombe et déborde des grèves,
Ils revoient, au delà de l'horizon lointain,
Tourbillonner le vol des désirs et des rêves
Et ils refont le monde, une bière à la main.

Au café des flots bleus, les femmes sont jolies,
Un accordéon joue sur un air langoureux,
La fête est de bon ton, l'ivresse de la vie
Secoue en sa mémoire des récits fabuleux.

Tous, en la chaude ambiance ont posé leurs fardeaux :
Les filets, les cordages, si durs et si rugueux
Et les tempêtes folles qui leur courbent le dos,
Plus rien ne compte plus en rade des flots bleus.

Aux vieux café du port, les marins sont en joie,
Oublieux un instant des îles aux rives blondes,
Ils reprendront demain leur labeur de forçats
Mais pour l'instant ils chantent et ils trinquent à la ronde.


Il est des portes sur la mer que l'on ouvre avec des mots <br />
Rafael Alberti


Ecrit par Mijo
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