De page en page


Je feuillette mon cœur et ces pages folâtres
Puis celles qui pleurent. Une soirée de fête,
Un dimanche à Paris. Un Noël près de l’âtre,
Des jeux de mains troublées, une robe défaite…

Le temps s’est effacé, les ans tournent en rond.
Un pétale de fleur, là, près du mot « pardon ».
Puis ce signet d’antan en page du bonheur ;
Un jour de ciel violet et de sourire aux heures.

J’aurais aimé frôler au détour d’un poème
Quelques mots anodins se souvenant de moi,
Ou du moins, parfumés des regards que l’on sème
Au vent de ritournelle, à l’aube de l’émoi.

J’aurais tant désiré me balancer aubade,
Me redécouvrir muse à l’encre d’une rade.
D’une ode et d’un quatrain embaumés de merveilles
De ces mots insensés que le poète éveille !

Mais j’effeuille mon coeur aux soirs des incertains,
La mémoire s’endort aux clairs de lune opale.
Il ne reste au matin qu’un coin de page éteint
Relue à contrecœur au rêve d’une escale.




Ecrit par Lyne
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net