Portée disparue

J’avais dix-huit ans que je vous quittai
Vous ne m’aimiez pas bien.
J’avais dix-huit ans et je vous ignorais
Pour survivre à votre lamentable quotidien.

Je m’inventais un univers
Sans craintes, sans humiliations, sans cris.
Je ne vous en veux pas, ça n’en vaut pas la peine ;
J’ai souvenance de quelques cajoleries subies.
Nous n’étions simplement pas faits pour nous rencontrer.

J’avais dix-huit ans que je m’en allai
Je ne vous manquais guère
Les chaines de vous à moi, je les brisai.
Pour survivre ma fuite était nécessaire.

Il me suffit de porter les marques indélébiles
De mon enfance pillée, violentée.
Je n’ai pas tout à fait raté ma vie :
Rassurez-vous père et mère,
Ce n’est pas votre faute

Aujourd’hui j’ai cinquante ans
J’ai consommé ma rupture d’avec vous.
Que me condamnent les braves gens
Je m’en fous, je suis libérée de vous.

Libérée de ma jeunesse blessée,
je continue mon bonhomme de chemin.
N’ayez pas le chagrin de ne m’avoir pas complètement détruite.
Ne m’appelez pas par quelques grimaces affectueuses.
Ne me cherchez pas, je ne vous répondrais pas.




Ecrit par Ann
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