L’étranger

Toi qui passe sur le chemin, toi l’étranger !
Mûrissant aux rais de Phœbus les blés,
Ne les piétine pas et la moisson sera belle
Offrant ses pétales à la brise estivale le coquelicot
Ne le cueille pas, la campagne est si belle

Le paysan scrute le ciel
De gros nuages s’amoncellent tout vêtus de gris
L’atmosphère lourde de moiteur
Pèse sur l’homme de la terre
Il est temps, la récolte sera bonne
Les cloches du village au loin sonnent
L’heure de la traite des vaches

Toi qui passe sur le chemin, toi l’étranger !
Offrant à la brise de l’été ses longs cheveux blonds
Ne tends pas tes mains vers l’enfant
Parlant aux oiseaux, aux papillons
Ne souille pas l’innocence de l’enfant

- Comme vous avez une large bouche, de longs bras, une gigantesque…
- Laisse tes griffures, abandonnes tes cris que j‘apprivoise ton juvénile corps

De ses viles mains il arrache la jupe vermeille
De sa proie étouffée
Par son poids d’homme.

De gros nuages se gonflent tout habillés de mort
Le malheur s’abat sur le cœur du père
Il est trop tard, la moisson ne sera pas
Les épis pleurent leurs grains par la grêle éparpillés
Il est trop tard, l’enfant du paysan n’est plus.

Dans le champ ravagé
Le père n’a retrouvé
Qu’un pauvre coquelicot tout froissé.
Dans ses grosses mains
Le père sanglote son désespoir
D’une vie de labeur, d’une vie en herbe
Détruite par un gars venu de la ville.
Les cloches du village au loin sonnent
L’heure d’ensevelir la fillette.


Inspiré d'Anita "Champs de coquelicots"

Ecrit par Ann
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