La fête au village

Au courant d’air de la Grand’Rue claquent les fanions.
Autour de la fontaine, les chevaliers de bois
Attendent le grand jour comme les attractions,
Pareilles à une armée sous leurs lourds pavois.
La fête promet d’être belle comme gars et filles
Qui se bousculeront dès la Porte de Dreux
Pour saluer les bannières de pacotille.
Les pantins de chiffon avec grand’révérence,
Inclineront leur grosse tête enflée de paille, dévotement
Aux épées trop bien émoussées et aux lances
Des seigneurs en costume et des manants
Qui iront au son des fifres et du tambourin,
Au parc empli des échoppes médiévales.
Le soleil et les rires éclabousseront demain,
La ville de chaleur et de joie estivales.
Les crottins tout fumants des nobles roussins
Traceront comme autant de petits cailloux bruns,
Jusqu’au cœur de Son et Lumières, le chemin.
Les décors sont posés ; s’activent les comédiens
Entre concentration et fragiles mémoires.
Mais les ovations qu’ils récolteront en fin
Lancées par un public avide d’histoires,
Diront combien leurs efforts n’auront pas été vains.
Et tous auront rendez-vous près de la rivière,
Avec le feu d’artifice et la nuit.
Quand d’une dernière explosion de lumières,
Le bouquet final embrasera le ciel de bruit,
La vieille cité s’éteindra satisfaite,
Ecrasée déjà des nonchalances de l’été.

Hier encore au village, c’était la fête
Que les forains avec leurs manèges ont remportée.




Juin 2010 – Scène de la vie courante dans la petite ville qui est la mienne

Ecrit par Ann
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