Une lettre

Au soir de ma vie,
Je vous écris
Cette lettre
Peut-être tardive
Avec paroles un peu vives
Comme un prêtre
Entends ses enfants
Entendez –moi Mes amants
En confesse
Il s’agit d’un petit rien
De mon bien
Il s’agit de mes fesses.

Quand parmi tant, un monsieur bien me baise
Il lui faut bien aussi qu’il se taise
Car si doué aux jeux de l’amour
A l’érudition il est sourd

Un artiste du bâtiment J’ai connu plein de timidités
Ses grosses pattes ignorant de l’Amour les subtilités,
Mieux que ses prières un aristo psalmodiant
Le kamasoutra fier comme Artaban
Des jeunes et des moins verts mais vernis d’expérience
Et beaucoup de l’amour méprisant la science

Des amoureux, j’ai connu des coquins au lit
Et même un vertueux trop poli
Cultivés et galants les mains dolentes
Et la bouche occupée à la confidence
Je vous avoue un clou vous ne valiez guère
Amants courbés et rouillés vous ne pouviez me satisfaire

Mais lors qu’un homme bien me baise
Il lui faut bien aussi qu’il se taise
Il n’est qu’un intermède
Auquel pour le seul plaisir je cède

Je serais cruellement morte d’ennui sans les doux remèdes
Rangés en mon tiroir qui à mes intimes délices m’aide
Je vous aime mais ne me parlez point d’orgasmes, je m’en occupe
Je vous aime et vous prie de ne point froisser inutilement mes jupes
J’ai déjà trop feinté en vos bras la jouissance
Pour flatter vos mâles impuissance

Au soir de ma vie,
Restons amis
Mettons au feu
Cette méchante missive
Car je suis captive
Je vous dois cet aveu
Des faiblesses de mon cœur
Qui sans vous pleure
Prenez, je suis nue
Il s’agit d’un rien en somme
Que j’offre à l’homme
il s’agit de mon cul

Votre infidèle amante à l’amour piégé
Qui aura négligé de vous congédier
Pour manquement au bel ouvrage
Mais avec l’âge qui devient sage




Ecrit par Ann
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