Entrée des artistes

A la baguette mon Maitre me frappe la calotte.
Sa chose, son trou noir je suis et reste à sa botte.
Caressant mon rose capuchon, il y plonge la main ;
Je ne suis qu’un demi-mondain :
Mon raout à moi, c’est le cabaret !
Il fait des passes sur mon feutre fatigué,
Il me claque du pouce et j’accours ;
Il est mon chef et je couvre ses tours
Dans le métier de la pipe je fais autorité.

Disposez de moi, c’est mon sort qui le veut0
Déboursez la monnaie et faites un vœu !
Laissez votre manteau à l’ouvreuse
Et à moi vos maladies honteuses.
Je vous l’ordonne, ombres dans la nuit
Abandonnez en moi vos remords, vos soucis.
Jetez le couteau, la corde qui tentent votre désespoir.
Déposez vos fautes, Inconnus d’un soir
Et le zéro de votre maitresse.

Larguez au fond de mes entrailles de satin
Le mari jaloux, l’amant embarrassant, le chagrin
qui ravage votre visage et qui vous voulez ;
le banquier avec vos dettes, laissez-vous aller
Précipitez votre patron et votre belle-mère
Et les humiliations et même les guerres
Abusez, je vous accorde cette faveur
Je vous emmène au bonheur
Sentez le ravissement vous envahir

Balancez au trou, le voisin qui cherche noises
Les rumeurs qui enflent en ombres chinoises
Le long des murs de la calomnie
Je prends les mensonges : les gros et les petits
J’ai le tuyau solide, je vous en prie; dans mon vase :
Un tour deux tours, c’est l’extase
C’est mon maitre qui l’exige
Pas vu, rien compris du prestige
Mais le rêve à gout de baguette

Pour quelques passes chapeau bas, le rideau s’affale.
Et pour l’accessoire, c’est le bide et la malle !
Je suis une illusion, un vent
Haut de forme sans fond qui ment
Enfoncez votre main, touchez ici et là
Vous trouverez rien, nothing, nada
Je ne suis qu’un gibus de music hall,
Le prostitué de l’artiste, j’ai tenu mon rôle.
J’ai encaissé les coups et lui l’oseille, au chef j’opine

A la baguette mon Maitre me frappe la calotte.
Sa chose, son trou noir je suis et reste à sa botte.
Caressant mon rose capuchon, il y plonge la main ;
Je ne suis qu’un demi-mondain :
Mon raout à moi, c’est le cabaret !
Il fait des passes sur mon feutre fatigué,
Il me claque du pouce et j’accours ;
Il est mon chef et je couvre ses tours
Dans le métier de la pipe je fais autorité..




Ecrit par Ann
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