Le veuf

C’était une vraie teigne
Qu’avait pas vu un peigne
Depuis des lustres
Il vivait en rustre
Sur la douze dans une baraque
Ruiné par la vie et la traque.
Pour améliorer son ordinaire
Il avait monté son affaire
De larcins et de récup.
Les braves gens n’étaient pas dupes
Quand il s’offrait pour quelques besognes
On lui envoyait en représailles les cognes ;
Alors il posait ses mains sales
Sur les marchandises de l’étal
S’égarant dans les poches de ses frusques
Qui sentaient le rance et le musc.

Un jour cherchant de quoi boire
Il passa devant un miroir
Il se rappela qu’il avait été veuf
Il se fit propre comme un sou neuf
Il remonta son col pour cacher sa peine
Sur le talus d’en face une poignée de cyclamen
Trainait là qu’il voulut faucher
Pour sa disparue, il était un peu éméché
C’est comme ça que sur la Nationale
Il se fit culbuter, quoi de plus banal




Ecrit par Ann
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net