Le vieil homme et l'amer

Même le ciel s'est mis à cracher sur ma vie;
Il pleut bien tristement sur ma morte province
je suis comme vidé, sans entrain, sans envie,
entre mes idées noires et les volets qui grincent...
Notre voûte celeste, qu'on pollue qu'on empeste
choisit-elle, légitime vengeance, avec soin,
le jour où elle deverse, sur nos âmes funestes
Le plus triste et le plus accablant des crachins?...
Hier au soir encore, parcourant les sentiers
Des pays d'othe aux profondes et denses forêts
Je marchais le coeur lourd et le corps si léger
Que même les animaux bien trop occupés
a fouiller les fougères, les racines et la terre,
Ne prirent pas la peine d'être un peu effrayés
Devant cette carcasse, devant mes mains de pierre.
Je suis insignifiant pour la vie, la nature,
Pour ce que je sais faire, je suis blet, non pas mûr,
Où sont donc ces années quand travaillant le bois,
Les enfants étonnés, groupés autour de moi
Posaient mille questions, mille feux dans les yeux
quand une commode s’édifiait devant eux
Alors le professeur de curieux de tout âge
Fier et infatiguable, redoublant à l’ouvrage
S’emparait de mon âme, m’emplissait de bonheur
Je parlais de mon art parfois pendant des heures…

L’idée qu’un jour ou l’autre, fatigué de mes pas
Je laisse à la forêt, a l’arbre, à ses feuillages,
A dame nature le soin de mon trépas
Ce serait rendre au bois le dernier des hommages.









Ecrit par Zitoun
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