Le paradis

Être dans ce jardin à sentir l'interdit
Me procure un espoir où les amours sont rois,
Où la peur n'y est plus, la haine n'y est pas.
Ô, mon éden à moi, c'est ce doux paradis...

Des arbres éternels me nourrissant en fruit,
Un soleil bienveillant qui réchauffe mon cœur;
Une lune rêveuse enivrant mon esprit,
Ma cocagne d'amour, mon verger de bonheur.

Quand viendra mon trépas, ô toi! Je t'attendrai
Là-haut dans mon éden, mon paradis doré.
Là, il n'y aura pas de saint ni de martyr...

Mais, plutôt des humains contents et bien heureux
À rire, à s'amuser, prêts à se divertir
Dans un voluptueux cénacle d'amoureux.

*

Ô, dans ma douce enfance, enjôlée comme un âne,
On m'a tôt enseigné un paradis céleste
D'une éternité longue et sans corps; seule une âme
Pieuse et invisible, errant un ciel modeste.

Aurai-je été heureux dans ce lieu solennel,
Dans cet éther sans goût, sans vision et sans voix?
Serai-je un bienheureux dans ce gouffre éternel
À repasser le temps et à t'attendre? Ô toi !

Quand viendra ton trépas, ô! Je t'inviterai
Là-haut où tu viendras dans mon chez-moi doré,
Des bougies sur la table éclairée pour toujours.

On boira du bon vin, du bon vin florentin;
On mangera des fruits; les fruits de nos amours
Et l'on s'enlacera jusqu'au petit matin.

(Double sonnet en alexandrin)




Claude Lachapelle / juin 2016

Ecrit par Claudel
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