Le jour se promenait

« Si les Ricains n’étaient pas là,
On serait tous en Germany
A parler de je ne sais quoi,
A saluer je ne sais qui… »
(Michel Sardou)

oOo

Le jour se promenait et tardait à descendre,
La source fredonnait aux portes de la nuit ;
Mon coeur se languissait de ses baisers si tendres
Qui butinaient mon corps, jadis, comme un beau fruit.

Il est parti voguer pour libérer la terre
A bord d’un cuirassé, sans me dire au revoir,
Il n’avait que vingt-ans, il allait à la guerre
En me laissant ici avec mon désespoir…

…A l’aube de la nuit, émergeant du silence,
J’ai lancé vers les cieux un appel déchirant,
Le parfum des jasmins dans ce jardin immense
Flottait dans l’air du soir en bouquets envoûtants.

Epiant, à tout moment, la porte qui, peut-être,
Ramènerait enfin mon marin au long cours,
J’ai attendu, en vain, guettant à ma fenêtre,
Tout au bout du chemin, les pas de son retour.

Adossée au vieil orme, envahie d’amertume,
Je méditais sans fin… Mon désarroi fut grand !
Puis, j’entendis au loin comme un hymne posthume :
C’est son âme éthérée que m’apportait le vent…

…La Mort, un gris matin, est venue le surprendre
Alors que son bateau s’apprêtait à partir,
Ils ne m’ont rapporté que l’urne de ses cendres…
…Où le feu a enfoui son tout dernier soupir.




Ecrit par Antigone
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