Ballade d'un soir


Mon cœur hors de moi me laisse rêveur,
On me l’a ôté sous mes yeux bectés.
Il gît maintenant, noir de son humeur.
Bout de chair en sang, proie tant convoitée,
Te voici charogne en bas de mes pieds.
Nous deux c’est fini, un nœud nous divise,
Me brise eunuque, jouet de la bise.
Et je me détends, légume blafard,
Dans le potager de ta couardise.
J’ai connu le vide à l’ombre d’un soir.

Maître en l’échafaud, je suis bon joueur,
Ai perdu la mise au jeu de t’aider,
Me pends désormais blanc de mes erreurs.
Au son de minuit la corde a cédé,
Je l’ai convaincue de mieux m’enlacer
Que tu ne le fis avec tes mains grises,
Doigts de triste fée du jardin des schizes.
Me voici défait, sans doute un peu tard,
Des liens malades qu’avait ton emprise.
J’ai connu le vide à l’ombre d’un soir.

Mal dans notre peau, là était l’horreur
De vouloir unir nos corps dépecés.
C’était supporter la double douleur,
Sans que nous sachions comment l’apaiser.
Mon amour fêlé, tu l’as piétiné,
Je t’ai laissé choir dans ton âme en crise.
J’eus dû te quitter dès la prime incise
Voir combien l’on souffre à rompre l’histoire,
À frapper d’estoc à coup de franchise.
J’ai connu le vide à l’ombre d’un soir.

Envoi

Le noir c’était toi, l’amour sans couleur,
Et moi j’étais là, miroir de tes peurs.
Nuit de mes pensées, jamais ton regard
N’a croisé le mien nourri de bonheur !
J’ai connu le vide à l’ombre d’un soir.


<br />
fin juillet - début août 2008


Ecrit par Schizombre
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net