Tant pis n'a pas cabane *



Un peu de brume sous mes doigts
Sur sa peau fine vagabonde,
Son dos était ma faim du monde.
Elle y figeait le don de soie…
Tout me collait aux basques,
Des servitudes charnelles,
L’intense ritournelle,
Aux pieds d’une vie flasque,
Sonnait comme les cuivres
D’un souffleur d’hiver.
Fallait m’y voir !
Filant entre les flocons,
Le cœur ivoire,
Et les jambes en coton,
Floquées d’une liberté
Défroquée de tout soupçon…
J’ai avalé l’asphalte toute la nuit durant.
J’ai vu les lueurs poindre au ras des cimes,
Mettre en lumière mes partis pris,
Que l’indécis, trop souvent pris pour imbécile,
Est bien ici le maître des courants.
Aux aurores, j’ai pris le temps qui soupirait
Coupant son souffle net …et gardant la monnaie,
J’ai lévité corps et liens,
Sa langue sur ma langue
Était l’ennemi du bien.
Jamais attentistes, mes mains
S’étaient faites captives
De son entrain d’artiste.
Au feu de nos missives,
J’ai succombé …
Aux risques de ma chute.
Mais comme je n’ai jamais su tomber
Si loin de ma cahutte,
Dépaysé par tant de petits rien,
(Je n’avais pas son âge bien qu’elle avait le mien)
J’ai fui encore sans demander mon reste,
Comme l’amour se taille quand il devient céleste.
Parfois, je le sculpte au gré des mes détresses,
Ma vie telle un vieux linge dégoulinant d’ivresse,
Coule sur mes pages blanches
Comme autrefois mes lèvres sur ses hanches.























* proverbe créole Louisianais

Ecrit par Aodren
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