Nous avions des jardins


Nous avions des jardins qui bourdonnaient d’abeilles
Et des coquelicots dans les champs de l’été,
Nous avions des saisons aux multiples merveilles
La neige en février, les blés mûrs en juillet.

Nous étions des enfants aux yeux écarquillés
Devant la rose thé emperlée de rosée,
Nous étions des enfants aux lèvres barbouillées
De mûres, de framboises, au buisson dérobées.

Nous avions des maisons où flottaient des senteurs
De pomme, de cannelle, et de soupe aux légumes,
Nous avions des draps blancs aux haleines de fleurs
Des oreillers ventrus pour nos rêves de plume.

Nous étions des enfants à l’âme insouciante
Cueillant sans y penser les trésors de la Terre
Nous étions des enfants… mais nos faims impatientes
Ont puisé trop avant, même au profond des mers…

Nous aurons des jardins aux allées de béton
Et des fleurs de plastique qui ne faneront pas,
Nous aurons des saisons que nous ne connaîtrons
Qu’en feuilletant, rêveurs, un très vieil almanach.

Nous aurons des enfants… Mais pourront-ils alors
Apprendre les couleurs au gré d’un arc-en-ciel ?
Nous aurons des enfants, mais saurons-nous encore
Leur dire l’ambre et l’or, le suave du miel ?

Nous avions des jardins, des saisons et des roses
Et nous ne savions pas que nous étions heureux,
Nous avons des enfants qui croulent sous « les choses »
Mais qui ne savent plus que la Terre était bleue.






Ecrit par Sucre et sel
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