Le signaleur

Si je n’ai pas choisi d’être ici en ce jour,
De contempler les trains s’en aller sans détour,
Il me reste encore tant de vieux souvenirs
Courant le long des quais où les feuilles soupirent.

Au loin, j’ai entendu la corne de mémoire
Que soufflaient longuement ces amours d’autrefois,
Je les voyais frileux, redoutant ce départ,
Des perles dans les yeux, un soleil dans la voix .

J’hésitais un moment à brandir le signal,
A ternir ce bonheur par un geste fatal,
Car ils vibraient en moi tous ces tendres baisers,
Je les sentais si fort en mon cœur, enlacés.

J’étais un signaleur que le temps harcelait
Qui devait sans remord séparer les aimés,
L’un s’en irait très loin sans billet de retour,
L’autre devrait rester en espérant toujours.

Maintenant désoeuvré, arpentant cette gare,
Où tant de pas pressés vont piétiner l’histoire,
Je regarde parfois dans le soir revenu,
Cette vieille tombe du soldat inconnu.




Ecrit par Banniange
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