Le trésor du poète

Son ouvrage tombé à ses genoux,
Sur l’étrave spumescente du monde
Qui fouette ses yeux et mouille son cou,
Il hume le temps que sa plume sonde :

Le poète n’utilise les mots
Que pour peindre ce qui semble silence,
Il sait chacun des accents du ruisseau,
L’aile d’une ombre est pour lui une danse.

Dans le gisement dépouillé des pierres
Où ricoche par instants le soleil,
Il surprend le long des lianes d’un lierre,
L’âme d'un moulin tombée en sommeil.

Des rocs troués que fait souffrir la mer
Où la houle éclate à grands coups de reins,
Il entend les sternes à mots couverts,
Aux gerbes d’écume livrer leur destin.

Même du crapaud sous le ciel orange,
Dans les roseaux où circule un frisson,
Il entrevoit clairs sur ses yeux étranges
Les flashs d’un orage sous l’aquilon.

Tout neufs poèmes sont comme naissances,
Le poète toujours repart de rien,
Nées quelque part entre deux confidences,
Ses rimes chaudes: voilà tout son bien.


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J'aurais aimé inclure ce poème dans le thème "rimes" mais mon ordinateur s'y refuse obstinément!


Ecrit par Fregat
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