Ignominies


Qui dira les malheurs de la sole bretonne
Du rouget marseillais et du thon d’Algérie,
Ces poissons palpitants que l’on pêche à la tonne
Pour aller contenter nos yeux de merlans frit !

Ces yeux, qui font le choix de ces chairs sacrifiées,
Saisies au beurre noir ou bien au court-bouillon
O ces corps si vibrants, maintenant statufiés,
Qui n’apaiseront pas nos appétits couillons !

Mangez-donc du foie gras ! Mais que Dieu me pardonne,
Ce ne sera pas mieux, car il faut torturer
Les oies et les canards qui à nous s’abandonnent
Victimes résignées se laissant engraisser !

Alors, mangeons du steak ? Mais vous n’y pensez pas !
Savez-vous l’épouvante, au seuil de l’abattoir
Des bêtes affolées pressentant le trépas …
Alors, où allons-nous, direz-vous, nous pourvoir ?

Peut-être le jardin pourra combler l’assiette
Et tous nos appétits, car il faut bien manger !
Vous faites à ces mots une drôle de tête :
Les légumes aussi, il nous faut ménager ?

Quand la tomate en pleurs verse gouttes de sang
Sous le couteau impie qui la tranche et la taille
Vous pensez, c’est certain, à d’ignobles batailles ?
Or donc, il faut jeûner, voilà, je le pressens !

Il est dur de penser que l’homme ne peut vivre
Sans, tout autour de lui, tuer et sacrifier :
Du sang des animaux et des plantes il s’enivre,
Le monde est bien cruel ! A qui peut-Thon se fier ?




Ecrit par Marcek
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