Pleine ou gibbeuse





Sous la lune molle
Allumée et folle
Meurent mille amours.

D’un nuage flasque,
Vieux griffon, Tarasque,
Aux cieux de velours,
Blafarde, elle émerge
Du cocon de serge,
Au sillage bas
D’un lambeau de brume.

Rousse et blonde, ou brune,
Froufrous, falbalas,
Dans ces nuits pâlies,
Songe, tu pallies
A nos airs hagards,
Nus, d’oiseaux sans aire ;
Tant de malheur erre !


Regret des regards
Qui fouillaient nos âmes
- Les divines lames !


Déjà Séléné
Brillait sur nos frasques,
Dessinant les masques
Anciens - c’est l’aîné
D’Eros le multiple
Dont chaque disciple,
Ame et corps, se vend
Pour une promesse,
Un galbe de fesse,
De l’or et du vent !

A ta corne morne,
Notre cœur énorme
Vit palpite et pend,
Tel qu’à ces momies,
Dans nos gémonies,
Le rire sanglant !

Pauvre et doux trophée,
La chanson d’Orphée
Dans les phases, luit !
Mais ces phrases, d’ailes
Ont pris leur vol, elles
Fuiront chaque nuit…

Lune, blanche boule
Dont l’image saoule
De désirs lointains,
Ton miroir renvoie
Au passé, la voie
De soleils éteints…




Ecrit par Salus
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