Logos



Si trop pâle, cette lumière,
On en distingue à peine feux
C’est, de topaze familière,
D’ennuis noyés aux reflets feus,

Chère, la langue abandonnée,
Aux mystérieux secrets tenir
De l’ancien moi sache advenir
A multitudes où l’âme est née.

Un peu d’ambre joue au rayon
Du prisme écrit épris du verbe,
Le rêve bleu d’un vieux crayon
S’y tient, s’affûte et s’exacerbe ;

J’en serai ! Comment n’être pas
Parmi qui les seuls continuent
A tisser fils flous où sinuent
L’heur de naissances et trépas…

Fous structurés par ces langages
Autant qu’à parole adonnés
Saouls de roulis et de tangages,
A chercher plus loin que nos nez

Parmi l’universel atone,
Les océans de l’émotion
Et la déshumanisation,
Fors le naufrage où l’on tâtonne !




Rien ne m’est beau comme un fanal
Ni plus aveugle que la brume ;
Et ne serait ce bacchanal
Régnerait un calme posthume…

Mais je sens sous l’os battre un cœur
Dont l’éphémère est un tumulte
Enorme et dissonant, un culte
Bas rendu, montant et frondeur !

Tandis qu’à l’air les cinq cents signes
Traduisant l’heure unique où l’arc
Des temps ployés ou rectilignes
Se rit de Planck, fait fi du quark,

Diapré, le code enroule et plane,
Nouant en circonvolutions
Lentes, en ondoyants sillons,
Cette magie athée : arcane ;


Arcane double corallique
Oxyde rouge du mercure
Secret lâché, cœur alchimique,
Secret perdu, de cache sûre !



Sévère est verbe où parole est
Car les dits vrais, en tout acerbes,
Rares déserts aux rares herbes
Sont des « alea jacta est ! » 

Le contre-sens c’est l’incendie !
Y brûle toutes directions,
Folle boussole abasourdie
Du nord absent de ses options !

Que j’aimerais de ne rien dire !
Et que le vrai non-sens est beau !
Ce bout de réel en lambeau
Qui ne rend rien pour qui l’admire…



Sous la cohésion, tôt détruit,
Gît le savoir incendiaire,
La saveur folle de son fruit
Est l’intelligence première ;

Peu d’accès à ces dimensions ;
Vers ces atolls et de ces ailes
Aux grandes mers immatérielles,
Nous avons volé ! Nous étions …

Nous étions l’enfance perverse,
Et le Diable, et l’ange amoureux,
Nous étions méchants comme herse ;
Dessillés, nos yeux étaient creux !



En même temps que, syncrétique,
Un monde affolant disparaît
Où notre œil désormais se hait
Tel qu’à l’intérieur d’une tique.

O langue charnue et fragile
Dans la bouche, et gorgée aux sangs
D’usages lourds dus à Virgile
Freinant l’ardeur de tous nos sens !



Vous feriez pourtant de me dire
Bien, si tout, partout est abscons
Et le symbole un goût de skons,
Qu’inquiète au juste et fit votre ire ?

(Nous devisions, en divisant,
Du discours même et de l’idiome,
Des sons par des sens, épuisant ?
De la sémiologie en somme…)



Bien sûr, poésie est ailleurs,
Qu’il me faudra pourtant rejoindre
Devant que j’en sois trop à plaindre
Au silences lents des malheurs ;

Tel que tous, j’invoque et je pleure,
Je vais et viens, j’ai mal, je geins !
Ce théâtre vaut pour un leurre,
Seul ! Sur mes îlots égéens.




Ecrit par Salus
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