La culotte de cheval (Fable)

- Je m’enrhume du fessier,
Dit-il à son ami le palefrenier.
« A l’écurie ta maitresse
Me l’a dérobée, la traitresse
Et ça ne lui sied point du tout
De porter de tels dessous
Que je déclare être miens.
Qu’elle me rende mon bien
Qui lui tombe en bourrelet
Avec toutes ses dentelles sur le jarret !
Qu’elle aille cul nu sous ses jupes,
Voilà tout ce qui me préoccupe.
Coure donc dire à cette femelle trop boulotte
Que désormais seul je porterai la culotte »

Le valet s’en va réclamer à la dame de céans
Qu’on rende sur le champ
À l’animal de quoi se vêtir le derrière.
Mais l’effrontée qui toute sa carrière
Avait mené son monde à la badine
Tout de go refuse, sa mâchoire chevaline
Menaçant le malheureux messager qui se penche
Toute en convoitise sur les généreuses hanches
Et arrache sans autre forme de procès
L’objet qui ici l’avait amené.
La mégère par ses hurlements
Attire le mari qui surprend
Le larbin tout en suée
Avec dans la main la culotte convoitée.
Le commis se voyant en compromettante posture,
Ne voulant pas attirer sur lui toutes les injures
Accuse le bidet de cette innocente fredaine.

Mais par chance le maquignon caressant sa bedaine
Découvre sa moitié le derche à l’air.
Et lui tombent le falzar et la colère
Tout en même temps sur les chevilles.
- A quoi bon s’emporter pour une peccadille,
Avoue le patron toute à son affaire
Installé en la gironde rombière

L’homme harassé
D’avoir tant besogné
Le saint siège
Accorde le privilège
À l’étalon de parader
La croupe habillée
Ad vitam æternam
Et s’en retourne s’occuper de sa dame




Ecrit par Ann
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